La pédagogie Montessori peut se résumer en quelques mots : "Aide-moi à faire seul".
Le concept fondamental qui sous-tend l’œuvre pédagogique de Montessori est qu’il faut aux enfants un environnement approprié où ils puissent vivre et apprendre.
Rendre l'enfant autonome, lui donner confiance en soi, tout en développant ses sens et en le rapprochant de la nature sont les principaux objectifs de la pédagogie Montessori.
Selon Maria Montessori, l'enfant passe par des "périodes sensibles", périodes durant lesquelles l'enfant a naturellement des aptitudes pour tel ou tel domaine. Il lui est donc plus facile d'apprendre durant ces périodes.
Grâce à une bonne observation, l'éducateur ou le parent, saura déterminer dans quelle période l'enfant se trouve et pourra alors proposer le matériel adapté.
Le matériel spécifique, développé par Maria Montessori elle-même, sera présenté sur des plateaux, posés eux-mêmes sur des étagères. L’enfant y a accès librement.
Le matériel auto-correctif permet ainsi à l'enfant de remarquer lui-même ses erreurs, évitant au maximum le sentiment d'échec.
Dans les classes Montessori, appelées Ambiances, il n'existe qu'un seul exemplaire de chaque matériel, afin d'encourager l'enfant à s'auto-discipliner, à partager et ainsi respecter l'autre.
Pour plus de précisions et d’information :
http://www.ibe.unesco.org/publications/ThinkersPdf/montessf.pdf
Ce document est inspiré de : Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée (Paris, UNESCO : Bureau international d’éducation), vol. XXIV, n° 1-2, 1994, p. 173-188. ©UNESCO : Bureau international d’éducation, 2000
Maria Montessori a observé l'enfant avec un double regard : celui d'un médecin et celui d'un pédagogue. Ses cours de psychologie ont également complété ce regard. Elle a analysé le développement psychique de l'enfant et ses conclusions lui ont permis de dégager deux caractéristiques essentielles : l'« esprit absorbant» et les « périodes sensibles ».
L’esprit absorbant
A la naissance, l’enfant nait avec des fonctions psychiques et physiques embryonnaires. Contrairement aux animaux, l’acquisition de ces fonctions ne sont pas toutes instinctives et dépendent entièrement de l’environnement pour se construire. En quelques années, l’enfant intègre le langage, le mouvement, les comportements sociaux propre à sa culture, les faisant siens sans qu’aucun processus conscient ne soit à l’œuvre.
« L’enfant fait sa propre « chair mentale » en se servant de ce qui l’environne. Nous avons appelé cette forme d’esprit « l’esprit absorbant ». Il est difficile de se représenter la puissance de l’esprit absorbant dont est doué le petit enfant. Tout ce qui est autour de lui pénètre en lui : habitudes, coutumes, religion. Il apprend le langage avec toute la perfection ou toutes les imperfections qu’il trouve autour de lui, sans aller à l’école. » (Péd. sc. t. 1 p. 47)
Esprit absorbant inconscient et conscient
Dans sa première année, tout le processus d’adaptation au milieu se fait de manière inconsciente chez l’enfant ; le processus à l’œuvre est l’esprit absorbant inconscient. Autour des trois ans de l’enfant, la conscience apparaissant, ce processus cède progressivement le pas à un fonctionnement plus conscient.
« Ce qui, au début, n’était qu’impulsion vitale (horme) devient acte voulu ; tout d’abord, l’enfant agissait instinctivement ; il agit maintenant consciemment et volontairement, et c’est là un réveil de l’esprit. » (L’esp. abs p. 206)
L’esprit absorbant devient conscient par le travail de l’enfant, par sa nouvelle capacité d’agir et de transformer son environnement. La conscience de soi se développe grâce à l’activité. Il utilise les mains et s’approprie le monde et les gestes qui appartiennent à son groupe social.
Les périodes sensibles
Les périodes sensibles ou voies naturelles de développement. Le terme période sensible apparait en 1902 avec la découverte par Hugo deVries de périodes de sensibilité particulière de certains animaux pour certains éléments les amenant à adopter un comportement spécifique associé à un certain stade de leur développement. Maria Montessori a observé le même phénomène chez l’enfant ; ces sensibilités particulières qui guident son développement psychique apparaissent dès la naissance, voire un peu avant, et continuent au moins jusqu’à 6 ans. Elles ont comme spécificité le fait qu’elles soient :
– universelles
– transitoires
– intenses
– inconscientes
Ces périodes sensibles ne sont pas isolées les unes des autres; il est possible que plusieurs périodes se chevauchent car elles sont inter-liées et se soutiennent mutuellement.
Les différentes périodes sensibles:
L’ordre
Cette période sensible, qui est présente dès la naissance et perdure jusqu’à 6 ans répond au besoin de l’enfant de structuration psychique, qui passe tout d’abord par la structuration du milieu extérieur. Pour le nouveau-né´, il s’agira principalement de la stabilité de son quotidien : les gestes, les paroles, les personnes, l’environnement qui se trouvent autour de lui. Progressivement, cette constance du monde extérieur permet à l’enfant de s’y repérer et ainsi de construire son monde intérieur.
Dans « la maison des enfants » (appellation pour une classe Montessori d’enfants entre 3 et 6 ans), cette période sensible est prise en compte :
– Les quatre aires de matériel sont clairement définies, chaque matériel à sa place précise
– L’ordre des éléments utiles à chaque matériel
– L’ordre de chaque activité, présentant un début, un déroulement, une fin
– L’ordre entre les différentes activités par la succession et la difficulté progressive
– La manière de présenter le matériel de la part de l’éducateur est constante
– L’éducateur incarne une constance à travers sa manière d’être, les règles qu’il incarne, etc...
En résumé, l’enfant va pouvoir, dans cet environnement préparé pour lui, vivre au sein d’un ordre extérieur afin de construire son ordre intérieur.
Coordination des mouvements
L’enfant, à l’entrée à « la maison des enfants », a déjà acquis une certaine motricité qu’il va alors pouvoir raffiner. Maria Montessori a observé la tendance des enfants à chercher le perfectionnement de leurs mouvements à travers la répétition d’un même geste et la réalisation de mouvement difficiles et précis. Dans l’environnement préparé, cette nécessité de raffinement de la motricité (et en particulier de la motricité fine) est favorisée par :
– Les meubles et objets (adaptés à la taille et à la force de l’enfant)
– La liberté de mouvement et d’activité (pas d’entrave de la part de l’éducateur)
Le langage (de la naissance à l’âge de six ans)
La période sensible du langage débute avant même la naissance et se poursuit jusqu’à 6 ans. Cette sensibilité va passer par différentes étapes et notamment certains moments-clés forts : l’explosion du langage oral (dès 2 ans), l’explosion de l’écriture et de la lecture (à partir de 3 ans), l’explosion de la grammaire (à partir de 6 ans).
A « la maison des enfants », cette sensibilité est prise en compte à travers :
– La richesse du vocabulaire employé par l’éducateur et favorisée par un matériel varié et précis
– Un travail spécifique sur la décomposition des sons (jeu de l’analyse des sons)
– Un travail indirect puis direct portant sur l’écriture, la lecture, et une préparation sensorielle indirecte à la grammaire.
Le développement et le raffinement sensoriel (de 18 mois à l’âge de cinq ans)
Maria Montessori décrit l’enfant de 3 à 6 ans comme un « explorateur sensoriel ». Il passe en outre d’un esprit absorbant inconscient à un fonctionnement progressivement plus conscient. Ce raffinement sensoriel permet progressivement à l’enfant de s’approprier son environnement par l’enrichissement de ses outils pour décrire le monde. A travers l’environnement préparé, l’enfant va pouvoir satisfaire ce besoin d’exploration sensorielle :
– Le matériel conçu de manière à favoriser l’activité autonome
– Le matériel n’isole qu’une difficulté (en particulier, pour le matériel sensoriel : « abstractions matérialisées »)
– L’adulte prépare l’environnement et le rend attrayant
Le développement social (entre deux ans et demi et six ans)
Maria Montessori décrit l’enfant de 3 ans comme un « embryon social ». Tout son cheminement à « la maison des enfants » l’amènera à prendre conscience des autres et à acquérir les valeurs associées.
Les petits objets (autour de 2 ans)
Pendant une courte période (...) l’enfant semble être particulièrement attiré par les détails de son environnement, correspondant probablement à une étape nécessaire pour le complet développement psychique (notion de précision) et raffinant la coordination œil-main.
Le développement social (entre deux ans et demi et six ans)
Maria Montessori décrit l’enfant de 3 ans comme un « embryon social ». Tout son cheminement à « la maison des enfants » l’amènera à prendre conscience des autres et à acquérir les valeurs associées.
Les petits objets (autour de 2 ans)
Pendant une courte période (...) l’enfant semble être particulièrement attiré par les détails de son environnement, correspondant probablement à une étape nécessaire pour le complet développement psychique (notion de précision) et raffinant la coordination œil-main.
Conclusion
Il apparait donc qu’il est impossible de planifier le développement de l’enfant. La nature a déjà son propre plan. L’éducateur devra juste assurer un environnement qui respecte ces périodes sensibles.
L’environnement préparé
L’environnement, c’est ce qui entoure, ce qui permet la vie ; c’est un ensemble de conditions physiques et psychologiques dans lequel on évolue.
Chaque stade de développement a des caractéristiques propres et induit un environnement spécifique pour l’enfant au service des périodes sensibles.
A la maison des enfants, cet environnement comporte trois composantes (les 3 m):
– la maison des enfants en elle-même
– le matériel
– la maîtresse (l’éducateur/trice)
« En premier lieu, on est conduit à créer un environnement adapté ou l’enfant puisse se dépenser en vue d’une série de buts incessants, canalisant ainsi son irréfrénable activité, dans l’ordre et vers le perfectionnement. » (Pédagogie scientifique t. 1 p. 48)
Pour que l’enfant puisse se développer harmonieusement, son environnement doit être adapté à ses besoins.
Quelques points importants:
• Le mobilier et le matériel doivent être adaptés à la taille et à la force des enfants.
• Le matériel est disposé sur des étagères et est organisé de gauche à droite en fonction de la difficulté du travail (du plus simple au plus complexe).
• Le matériel mis à disposition de l'enfant est scientifiquement conçu pour lui permettre de progresser dans ses facultés et ses acquisitions. Il doit être sobre et esthétique. Il isole le concept. Il est rigoureux dans ses dimensions.
• Le matériel est libre d’accès.
• Unicité du matériel.
• Le local doit permettre aux enfants de se mouvoir et de se déplacer librement.
• L’environnement doit d’être beau, apaisant et harmonieux afin que l’enfant ait envie de travailler.
• L’éducateur/trice observe l’enfant afin de l’aider dans son développement.
La phrase d’un enfant qui disait à Maria Montessori «Aide-moi à faire seul» exprime très bien ce principe essentiel.
Le libre choix d'activité
Grace à son observation, l’éducateur/trice peut diriger l’enfant vers un matériel adapté aux périodes sensibles qu’il traverse. Une fois que le matériel aura fait l’objet d’une présentation, il pourra être utilisé librement.
En choisissant librement son travail, l’enfant peut suivre son « plan intérieur ».
En étant autonome dans ses apprentissages, l’enfant détermine son activité ainsi que sa durée. Cela a pour effet de l’aider à trouver le calme et la concentration.
Le fait de choisir librement son travail encourage la confiance en soi de l’enfant ainsi que son aptitude à surmonter les difficultés.